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Actualités geopolitiques entre l'UE et les USA

En lien avec les actualités entre l'Europe et les USA, il existe assurément des risques géopolitiques et stratégiques majeurs pour l’Europe à continuer de dépendre des produits et services numériques américains en 2025, surtout dans le contexte actuel de tensions transatlantiques et de montée des rivalités technologiques.

La situation est même perçue comme urgente par de nombreux experts et responsables politiques. Sans une réduction significative de cette dépendance, l’Europe risque de rester vulnérable aux décisions américaines, de perdre le contrôle sur ses données stratégiques et de subir des pressions économiques croissantes.
Les initiatives pour une souveraineté numérique européenne (investissements, régulation, préférence européenne) sont en cours, mais leur succès dépendra de la capacité des États membres à coordonner leurs efforts et à mobiliser les ressources nécessaires.

Principaux risques identifiés :

Dépendance technologique et vulnérabilité stratégique :

  • Environ 80 % des dépenses des entreprises européennes en logiciels et services numériques profitent directement aux entreprises américaines, ce qui représente une dépendance massive et un risque de vulnérabilité en cas de crise géopolitique ou de restrictions américaines.
    Les achats annuels de services cloud et logiciels des entreprises de l’Union européenne qui bénéficient à l’économie américaine s’élèvent à 264 milliards d’euros”, Solutions Numériques.
  • Les infrastructures cloud, l’intelligence artificielle et les semi-conducteurs sont particulièrement dominés par les acteurs américains (Microsoft, Amazon, Google), ce qui expose l’Europe à des pressions politiques, économiques ou même à des coupures d’accès en cas de conflit.

De nouvelles sanctions américaines, mais aussi européennes illustrent les risques qu'embarquent les contrats cloud, les fournisseurs se trouvant contraints de se plier aux injonctions des Etats dont ils dépendent.
Lois extraterritoriales : Les DSI face aux coupures des fournisseurs cloud - LeMondeInformatique août 2025

EDRIX 2025

L'indice européen de résilience numérique (Edrix) tente de mesurer la dépendance des 27 pays de l'UE à la technologie venue d'autres continents. La France se classe 6ème, en recul de 4 places en deux ans.

Nos conclusions révèlent une réalité qui donne à réfléchir. Les services gouvernementaux essentiels de pays comme la France , la Suède et le Danemark reposent sur des infrastructures contrôlées par les États-Unis, tandis que les services de messagerie électronique des administrations publiques d'une douzaine d'États membres, dont la Belgique et l'Italie , sont gérés par des fournisseurs américains. Cette situation expose des données publiques sensibles à des juridictions étrangères et porte atteinte à la souveraineté même que nos politiques prétendent protéger. "
> Le rapport

Menaces sur la souveraineté numérique et la protection des données :

  • Les récentes décisions de l’administration américaine (comme le licenciement de membres clés du Data Privacy Framework en janvier 2025) remettent en cause la fiabilité des mécanismes de protection des données des Européens. Les lois américaines peuvent, à tout moment, permettre l’accès aux données européennes stockées ou traitées par des entreprises américaines, avec ou sans l’accord de Washington (le CLOUD ACT).
  • La Commission européenne et plusieurs États membres soulignent que cette dépendance affaiblit le contrôle souverain sur les données sensibles (justice, défense, santé) et accroît la vulnérabilité des institutions et entreprises européennes.

Risques de sanctions et de guerre commerciale :

  • Donald Trump a menacé l’UE de droits de douane « substantiels » et de restrictions à l’exportation de technologies si Bruxelles maintient ses réglementations (DMA, DSA) perçues comme discriminatoires envers les géants américains. Des sanctions ciblées contre des responsables européens sont même évoquées.

Août 2025, Donald Trump menace de relancer la guerre commerciale Europe/États-Unis à cause du numérique
Trump menace de droits de douane « substantiels » les pays « discriminant » la tech américaine. Une charge contre l’UE, qui défend son « droit souverain » à légiférer.

  • Les tensions pourraient s’aggraver si l’Europe renforce ses propres normes (comme le projet EUCS pour le cloud), ce qui est perçu comme une menace par les lobbies américains.

Cybersécurité et résilience :

  • Près de 90 % des solutions de cybersécurité utilisées en Europe proviennent d’acteurs non européens, ce qui limite la capacité de l’UE à garantir la sécurité de ses infrastructures critiques et à réagir de manière autonome en cas de cyberattaque.
  • L’Europe est en retard sur les microprocesseurs et les technologies critiques, malgré des initiatives comme le Chips Act, en raison d’un manque d’investissements massifs et de dépendances persistantes.

Appels à l’autonomie et initiatives européennes :

  • Plusieurs voix (Commission européenne, Mario Draghi, Emmanuel Macron) plaident pour une « préférence européenne » dans les marchés publics et pour des investissements massifs (jusqu’à 300 à 5 000 milliards d’euros d’ici 2035) afin de développer des alternatives souveraines, notamment dans le cloud, l’IA et les paiements numériques.
  • Des projets comme le « Swiss Government Cloud » ou l’EUCS (European Cybersecurity Certification Scheme) visent à réduire cette dépendance, mais se heurtent à la pression des lobbies et à la complexité de la transition.


Pour l’autonomie numérique européenne

» Des exemples concrets de projets et d’initiatives européens visant à réduire la dépendance

1. Cloud souverain et infrastructures numériques

  • EUCS (European Cybersecurity Certification Scheme for Cloud Services) : Ce schéma vise à harmoniser les normes de cybersécurité pour les services cloud en Europe, en imposant des critères stricts pour garantir que les données sensibles (santé, défense, administration) ne soient traitées que par des prestataires respectant les lois européennes. Cependant, sa mise en œuvre est ralentie par les lobbys des géants américains, qui tentent d’influencer les critères pour préserver leurs parts de marché.

  • Swiss Government Cloud (Suisse) : Un projet pilote de cloud souverain réservé aux administrations suisses, conçu pour éviter toute dépendance aux infrastructures américaines ou chinoises. D’autres pays, comme la France avec le « Cloud de confiance », suivent une approche similaire.

  • Gaia-X (Allemagne/France) : Une initiative franco-allemande pour créer une infrastructure cloud européenne décentralisée, interopérable et sécurisée, permettant aux entreprises et administrations de stocker et traiter leurs données en Europe, tout en évitant les risques liés au Cloud Act américain.

2. Intelligence Artificielle (IA)

  • Préférence européenne dans les marchés publics : L’UE encourage les États membres à privilégier les solutions d’IA développées en Europe pour les appels d’offres publics, afin de soutenir les acteurs locaux (comme Mistral AI en France ou Aleph Alpha en Allemagne) et réduire la dépendance aux modèles américains (OpenAI, Google).

  • Projet « AI4Europe » : Un programme de financement européen pour accélérer le développement de modèles d’IA souverains, en collaboration avec des centres de recherche et des startups. L’objectif est de créer des alternatives aux outils dominants comme ceux de Microsoft ou Google, tout en respectant le RGPD.

  • Supercalculateurs européens (EuroHPC) : L’UE investit massivement dans des supercalculateurs (comme « LUMI » en Finlande ou « Leonardo » en Italie) pour offrir une puissance de calcul indépendante aux chercheurs et entreprises européennes, réduisant ainsi la dépendance aux infrastructures américaines.
    Sans oublier Jupiter !

3. Semi-conducteurs et microprocesseurs

  • Chips Act européen : Un plan d’investissement de 43 milliards d’euros pour relocaliser la production de puces en Europe d’ici 2030, avec des usines prévues en France (STMicroelectronics), en Allemagne (Infineon), et aux Pays-Bas (ASML). L’objectif est de réduire la dépendance aux puces américaines (Intel, Nvidia) et asiatiques (TSMC, Samsung).

  • Projet « Silicon Europe » : Une alliance entre plusieurs pays européens (France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique) pour coordonner la R&D et la production de semi-conducteurs avancés, notamment pour les secteurs stratégiques (défense, automobile, IA).

4. Cybersécurité

  • SecNumCloud (France) : Un label de sécurité exigeant pour les services cloud, garantissant que les données sont hébergées en France et protégées contre les accès étrangers. Des acteurs comme OVHcloud et Orange Cyberdefense en bénéficient.

  • Règlement sur la cybersolidarité (UE, 2025) : Ce texte renforce la coopération entre États membres pour détecter et répondre aux cyberattaques, en s’appuyant sur des solutions européennes plutôt que sur des outils américains (comme ceux de Palo Alto Networks ou CrowdStrike).

5. Paiements numériques et fintech

  • Système de paiement européen (EPI – European Payments Initiative) : Un projet pour créer une alternative aux cartes Visa/Mastercard et aux solutions américaines (PayPal) ou chinoises (Alipay). Des banques françaises, allemandes et espagnoles y participent, mais le déploiement est encore limité.

  • CBDC (Monnaie numérique de banque centrale) : La Banque centrale européenne (BCE) travaille sur un « euro numérique » pour réduire la dépendance aux systèmes de paiement étrangers et garantir la souveraineté monétaire.

6. Réseaux et télécommunications

  • 5G/6G souveraine : L’UE finance des projets comme « Hexa-X » pour développer des technologies 6G européennes, afin d’éviter une domination des équipements chinois (Huawei) ou américains (Cisco, Qualcomm).

  • Câbles sous-marins européens : Des initiatives comme « Bella » (lien direct entre l’Europe et l’Amérique latine) visent à réduire la dépendance aux infrastructures contrôlées par les États-Unis ou la Chine.

7. Logiciels et systèmes d’exploitation

  • Navigateur Vivaldi (Norvège) : Un navigateur web axé sur la vie privée, développé en Europe et plébiscité depuis l’entrée en vigueur des réglementations européennes strictes sur les données.

  • Systèmes d’exploitation souverains : Des projets comme « /e/OS » (France) ou « Sovereign Tech Fund » (Allemagne) soutiennent le développement de logiciels open source et indépendants, pour remplacer Windows ou Android dans les administrations.

8. Défense et technologies critiques

  • Drones et systèmes militaires « made in Europe » : Des entreprises comme Airbus (Allemagne) ou MC2 Technologies (France) développent des drones et des contre-mesures électroniques 100 % européennes, pour éviter les dépendances aux fournisseurs américains (Lockheed Martin, General Atomics).

  • Projet « EDIRPA » (UE) : Un fonds pour renforcer la production européenne de munitions et d’équipements militaires, afin de réduire la dépendance aux livraisons américaines.

Défis persistants

  • Financement : Les besoins sont estimés entre 300 et 5 000 milliards d’euros d’ici 2035 pour atteindre une autonomie technologique complète, un montant difficile à mobiliser dans le contexte budgétaire actuel.
  • Coordination entre États membres : Les divergences d’intérêts et de priorités ralentissent la mise en œuvre de certains projets.
  • Pression des lobbies : Les géants américains et leurs alliés locaux tentent d’influencer les réglementations pour limiter l’impact des initiatives souveraines

 

» Un aperçu des secteurs les plus critiques

1. Cloud et infrastructures de données

Enjeu :

  • 80 % du marché européen est contrôlé par Microsoft, Amazon (AWS) et Google.
  • Risque majeur : accès aux données européennes via le Cloud Act américain, qui permet à Washington d’exiger des données stockées par des entreprises américaines, même en Europe.

Avancées :

  • EUCS (certification cloud européenne) : Critères stricts pour limiter l’influence américaine, mais version finale édulcorée sous pression des lobbies.
  • Gaia-X et Cloud de confiance (France) : Projets pour une infrastructure décentralisée, mais adoption lente et manque de coordination entre États.

Défis :

  • Dépendance aux technologies sous-jacentes (ex : virtualisation, logiciels open source sous licence américaine).
  • Coûts élevés pour migrer vers des solutions souveraines.

Risque géopolitique :

  • Menace de sanctions américaines si l’UE impose des restrictions trop strictes.

2. Intelligence Artificielle (IA)

Enjeu :

  • Domination des modèles américains (OpenAI, Google) et chinois (Alibaba).
  • Régulation européenne (AI Act) : Encadre les usages à risque, mais pourrait freiner l’innovation locale si mal calibrée.

Avancées :

  • Modèles d’IA européens (Mistral AI, Aleph Alpha) : Soutenus par des fonds publics, mais loin derrière en puissance de calcul.
  • Supercalculateurs (EuroHPC) : Permettent de former des IA locales, mais dépendent encore de puces américaines (Nvidia).

Défis :

  • Accès limité aux données (RGPD vs. besoins en big data).
  • Fuite des talents vers les États-Unis.

Risque géopolitique :

  • Contrôle algorithmique : Les IA américaines pourraient être utilisées pour influencer l’opinion publique ou l’économie européenne.

3. Semi-conducteurs (puces électroniques)

Enjeu :

  • L’Europe ne produit que 10 % des puces mondiales, dépendante de TSMC (Taïwan) et Intel (USA).
  • Chips Act européen : 43 milliards d’euros pour relocaliser la production, mais retard face aux investissements américains (52 milliards) et asiatiques.

Avancées :

  • Usines prévues en France (STMicroelectronics), Allemagne (Infineon), Pays-Bas (ASML).
  • Alliance "Silicon Europe" pour coordonner la R&D.

Défis :

  • Dépendance aux machines américaines (ASML, Applied Materials).
  • Pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

Risque géopolitique :

  • Blocage des exportations en cas de tension (ex : restrictions américaines sur les puces vers la Chine).

4. Cybersécurité

Enjeu :

  • 90 % des solutions utilisées en Europe sont américaines (Palo Alto, CrowdStrike).
  • Vulnérabilité des infrastructures critiques (énergie, santé, défense).

Avancées :

  • SecNumCloud (France) et règlement cybersolidarité (UE, 2025) : Pour des solutions locales.
  • Renforcement des capacités via des centres de réponse aux cyberattaques (ex : ANSSI en France).

Défis :

  • Manque de standards communs entre États membres.
  • Cyberattaques étatiques (Russie, Chine) ciblant les faiblesses des systèmes européens.

Risque géopolitique :

  • Espionnage industriel via des logiciels américains (ex : backdoors dans les outils Microsoft).

5. Réseaux 5G/6G et télécommunications

Enjeu :

  • Dépendance aux équipements Huawei (Chine) ou Ericsson/Nokia (Europe, mais avec composants américains).
  • Risque d’exclusion des fournisseurs chinois sous pression américaine.

Avancées :

  • Projet Hexa-X (6G européenne) : Pour éviter la domination américaine ou chinoise.
  • Câbles sous-marins européens (ex : Bella) pour réduire la dépendance aux infrastructures US.

Défis :

  • Coûts prohibitifs pour déployer des réseaux souverains.
  • Retard technologique face à la Chine et aux États-Unis.

Risque géopolitique :

  • Sabotage ou surveillance des communications via des équipements étrangers.

6. Paiements numériques

Enjeu :

  • Mastercard/Visa contrôlent 90 % des transactions en Europe.
  • Dépendance au dollar pour les transactions internationales.

Avancées :

  • EPI (European Payments Initiative) : Alternative aux cartes américaines, mais lancement retardé.
  • Euro numérique (BCE) : En test, mais adoption incertaine.

Défis :

  • Résistance des banques à abandonner les systèmes existants.
  • Concurrence des fintechs américaines (PayPal, Stripe).

Risque géopolitique :

  • Sanctions financières (ex : exclusion du système SWIFT, comme pour la Russie).

 

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Synthèse des risques géopolitiques par secteur numérique en Europe

SecteurDépendance actuelleRisque principalAvancées européennes
Cloud 80 % (USA) Accès aux données via Cloud Act EUCS, Gaia-X
IA Modèles américains Contrôle algorithmique et désinformation Mistral AI, EuroHPC
Puces 90 % (USA/Asie) Blocage des exportations Chips Act, Silicon Europe
Cybersécurité 90 % (USA) Espionnage et cyberattaques SecNumCloud, cybersolidarité
5G/6G Équipements Huawei/USA Surveillance ou sabotage Hexa-X, câbles sous-marins
Paiements Mastercard/Visa Sanctions financières EPI, euro numérique

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L’Europe a lancé des initiatives ambitieuses, mais leurs succès dépendront de :

  1. L’investissement massif (300 à 5 000 milliards d’euros d’ici 2035) source AFP
  2. La coordination entre États (éviter les divisions comme sur le nucléaire ou la défense).
  3. La résistance aux pressions américaines (lobbies, sanctions) et chinoises (dumping technologique).

Scénarios possibles :

  • Optimiste : L’UE réduit sa dépendance à 50 % d’ici 2030, grâce à une politique industrielle aggressive.
  • Pessimiste : Les divisions internes et le manque de fonds maintiennent l’Europe dans une colonie numérique, vulnérable aux crises géopolitiques.

 

 

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